Aigremoine Eupatoire

Le Mot de la Troubadour – Esprit & Tradition

L’étymologie : l’histoire de l’Aigremoine est complexifiée par une erreur botanique. En effet, l’Aigremoine a été citée – à tord en confondant les propriétés d’une autre plante – comme médications visant à soigner certaines affections oculaires. Agrimonia, évoque une tâche qui se forme sur la cornée, argema en grec. Le terme a ensuite évolué jusqu’à agrimônia. Or, il s’agit d’une erreur apparue dans l’ouvrage d’un astrologue-botaniste Grec anonyme qui a été transmise au fil des siècles, si bien que l’Aigremoine peut encore apparaître comme plante associée à la décongestion des yeux. Elle est d’ailleurs parfois appelée Herbe de Saint-Guillaume à cause de cette erreur, car ce Saint était connu pour rendre la vue aux aveugles.
Une autre théorie suggère que l’Aigremoine devrait son nom à son milieu de prédilection de terres en friches : agrios «sauvage» en grec et monias le «solitaire».
Le terme d’Eupatoire est plus facile à comprendre :
On devrait ce terme au souverain Perse du Ier siècle avant JC Mithridate Eupator. On raconte que Mithridate, craignant pour sa vie et voulant acquérir une connaissance parfaite des poisons, consommait régulièrement des substances toxiques à petit doses pour développer une résistance aux tentatives d’empoisonnements. Il utilisait certaines plantes comme antidotes, qui ont hérités du nom de ce souverain, notamment l’Aigremoine Eupatoire ou l’Eupatoire à Feuille de Chanvre.
De manière plus terre à terre, Eupatoria peut également être une variation autour du grec hêpar désignant le foie, puisqu’elle était autrefois prescrite pour remédier aux troubles hépatiques. Ces deux théories se rejoignent dans le fait que le foie et les reins sont les principaux détoxifiant de poisons, le surnom Eupator serait alors tout à fait cohérant.

Utilisations traditionnelles : L’Eupatoire des Grecs était utilisée durant l’Antiquité pour les propriétés que nous lui connaissons aujourd’hui: selon Dioscoride (médecin Grec du Ier siècle après JC) elle est astringente, cicatrisante et anti-diarrhéique. 
Certains textes antiques associent l’aigremoine à Zeus, à la planète Jupiter, qui est planète qui domine le foie. Il est étrange de voir que ce lien au foie ne se retrouve pas vraiment dans la littérature moderne, il paraît pourtant évident lorsqu’on s’attarde sur la personnalité de l’Aigremoine.
Au Moyen-âge, elle est mentionnée dans les écrits d’Hildegarde (célèbre Abbesse du XIIe siècle, naturaliste et médecin) qu’elle désigne comme Agrimonia, remède de la gorge et de la poitrine, ainsi que de l’estomac. 
Elle est également une plante tinctoriale qui permet de donner aux laines et coton une belle couleur or.

L’Aigremoine était traditionnellement une plante protectrice, anti-venin ou encore liée au sommeil.
Durant l’Inquisition, l’Aigremoine était utilisée lors de la chasse aux sorcières : on brandissait un bouquet d’Aigremoine qui fanait si l’on pénétrait dans une maison maléfique. En magie, elle était employée dans les sorts de renvoi (renvoyer un sortilège à celui qui l’a perpétré), elle ne faisait pas seulement obstacle au maléfice mais agissait comme un bouclier-miroir. Une vieille tradition raconte que des pieds entiers d’Aigremoine cousus à l’intérieur d’un oreiller plonge le dormeur dans un sommeil profond et sans fin, tant qu’il sera en contact avec les plantes.

Enfin ses propriétés protectrices étaient également connues en Allemagne : on la mentionne souvent parmi les ingrédients du Bouquet de l’Assomption. Cette tradition alsacienne et allemande consiste à réaliser un bouquet « d’herbe » le 15 août (jour de l’Assomption de la Vierge, c’est-à-dire sa mort et son couronnement au Paradis). Ce bouquet était alors béni et servait de panacée pour toutes sortes d’affections physiques, spirituelles ou psychologiques.